C’est une côte sauvage et découpée qui se dévoile au regard du promeneur qui découvre la Baie de Morlaix. Entre criques et falaises, de Carantec à Locquirec en passant par Plougasnou, une foule de rochers insolites ponctuent ce panorama. Leurs noms évocateurs suggèrent les légendes et les histoires qui leur sont liées… Promenez-vous en bord de mer sur le GR34 et découvrez-les au détour du sentier des douaniers.
Plougasnou et ses rochers aussi étonnants qu’innombrables
Le long des 23 km de côte sauvage de Plougasnou, la mer et l’érosion se sont ingéniées à donner aux rochers des formes incongrues qui ont inspiré l’imagination des hommes. Repères ou point de ralliement, entre noms amusants, légendes et histoire, ils jalonnent le sentier côtier. Ils marquent de leur empreinte la succession de panoramas exceptionnels que Plougasnou offre sur la Baie de Morlaix.
Le chapeau de Napoléon
On peut se demander en quoi ce rocher évoque le « chapeau de Napoléon », un bicorne bien connu. C’est parce que ce nom ne désigne pas le couvre-chef de l’empereur lui-même, mais celui de sa garde impérial. Et, en effet, de profil, on y retrouve une étonnante similitude. Le rocher porte également le nom de « pile d’assiette », à cause de l’impression de grandes plaques de pierre empilées, comme des assiettes. Un festival local s’est inspiré de ce site et porte son nom.
Le lapin
Si le lapin porte malheur à bord d’un bateau, pas d’inquiétude tant qu’il est dans l’eau. Celui-ci a les oreilles qui pointent au-dessus de la mer à mi-marée, entre le port du Diben et Primel-Trégastel.
Le crapaud
À chacun de découvrir (ou pas) la forme d’un batracien dans l’allure de ce rocher situé à St-Samson, et qui se dit touseg en breton. On l’appelle aussi la pierre double.
Les deux fesses
Parfois le décalage entre le nom breton et sa version française laisse songeur. Ces rochers dont le nom est « deux fesses » porte le nom de roc’h goalen. Roc’h signifie rocher, et goalen… valeureux.
Les Aiguilles à Plougasnou
Sur la pointe du Diben, la nature s’est amusée à dessiner dans la pierre de grandes lignes nerveuses parcourues de sillons. Cette sculpture aux formes verticales est dominée par celles que l’on nomme « les aiguilles ». Quand le vent s’engouffre entre elles, il se met à chanter une plainte lugubre. Autrefois, les marins prétendaient qu’il s’agissait de la voix de ceux qui avaient péri noyés dans l’année.
Le Sphinx
Quand on l’aborde avec le bon angle, on est frappé par la ressemblance entre cet immense rocher, sculpté par les assauts de la mer contre la pierre, et le chef d’œuvre de l’antiquité que représente la statue du Sphynx à Gizeh. Par contre, à notre connaissance, ce sphinx n’a jamais proposé d’énigmes pour laisser les promeneurs traverser le sentier…
L’Oiseau de la tempête
Ce nom poétique d’un des rochers du Diben ne fait pas référence à la forme de la pierre ou à une légende locale, mais à l’histoire de la commune, qui s’est démarquée pendant la Seconde Guerre Mondiale. En effet, Plougasnou a été l’une des premières communes à répondre à l’appel du 18 juin. Dès le lendemain, et pendant les semaines suivantes, 350 volontaires, certains très jeunes, partirent du port du Diben rejoindre la France Libre. Le 19 juin 1940 à 9h45, les troupes allemandes entrent à Morlaix et des patrouilles blindées sillonnent la région. Le même jour à 16 heures, un bateau de pêche, « l’Oiseau de la tempête », piloté par ses patrons quitte le port du Diben pour l’Angleterre avec huit passagers à bord. Une plaque commémorative est installée sur ce rocher près du port.
Le rocher décapité
Le nom Diben, lieu où se situe le port de Plougasnou, peut vouloir dire « la presqu’île » en breton, mais, étymologiquement, il peut aussi signifier « la pointe du roc sans tête » ou le rocher de la décapitation. Et c’est bien ce qu’évoque la forme étrange de ce rocher, qui semble en équilibre précaire au-dessus du sentier.
Les tortues amoureuses
Parmi les nombreux rochers de Primel, il y en a deux qui jouent les romantiques. Ce couple de tortues de pierre semble s’embrasser. Pourrez-vous les retrouver en vous promenant sur la pointe ?
Le menhir des marsouins
La pointe de Primel allie, pour les promeneurs, les atouts d’un panorama exceptionnel, d’un site naturel, mais aussi d’un site historique avec de nombreux vestiges. L’un d’entre eux est ce menhir, qui, longtemps demeura couché, et qui fut relevé par une infanterie de marine, venus à Primel pour nettoyer les côtes après le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978. C’est de là que lui vient ce surnom de « menhir des marsouins ».
Carantec et ses roches légendaires
Toul-Sarpent et la plage du Cosmeur : la légende de Saint-Karanteg
Saint-Karanteg, dont la commune tire son nom, est un saint homme du Pays de Galles qui arrive sur nos côtes au 7ème siècle. A l’époque, les côtes nord-finistériennes sont infestées par les dragons et Carantec ne fait pas exception. Saint-Karanteg vint alors au secours des habitants, en allant trouver le dragon qu’il prit par la queue et qu’il projeta sur un rocher, qui se serait fendu en deux sous la force du choc. Ce rocher est visible à partir du sentier côtier, à hauteur de la plage du Cosmeur. Puis, il aurait jeté le dragon sur la péninsule de Pen al Lann, au lieu-dit Toul-Sarpent, et sa chute aurait créé un trou sans fin par lequel il aurait rejoint les enfers.
L’extraction du granit sur l’île Callot
Au hasard d’une balade sur l’île Callot, le visiteur peut découvrir des blocs de rochers singuliers, avec de mystérieux trous alignés dans la roche. Les théories fusent alors : un hasard géologique, le bigorneau perceur ou encore les traces de griffes de la Bête que Saint Carantec terrassa dans la légende… La réponse à cette énigme ? Il s’agit de traces d’extraction du granit dont la plus spectaculaire trouvée à ce stade, située au nord-ouest de l’île, comporte 14 trous. Les recherches continuent !
La Chaise du Curé
Vous trouverez ici une des plus belles vues de Carantec, que vous pourrez admirer assis sur ce célèbre rocher. Mais d’où vient son nom ? Certains racontent que durant la Première Guerre Mondiale, le curé de Carantec venait s’y asseoir pour lire son bréviaire à voix haute. Pour d’autres, un curé aimait s’y asseoir pour méditer en regardant la mer.
Locquirec et sa pierre bleue ardoise
La presqu’île de Locquirec faite de schistes bleus a abrité des carrières d’ardoises : la fameuse « ardoise de Locquirec », épaisse et aux couleurs gris-vert-bleu, que l’on voit sur les toits des maisons typiquement bretonnes de la région. Exploitée dès l’âge du bronze jusqu’au début du XXe siècle, la « Pierre de Locquirec » était extraite à flanc de falaise ou sur l’estran et exportée par bateau pour être utilisée pour le pavage, les dalles de sépulture, la couverture de manoirs ou monuments religieux… et ce jusque dans la région du Mont-Saint-Michel ! Sa dernière utilisation date de la construction de la nouvelle abbaye de Landévennec au début des années 60. Aujourd’hui, les carrières sont fermées, mais en vous baladant du côté de la pointe du Corbeau ou du Château, vous pourrez toujours apprécier la forme « redressée » et la couleur « bleue ardoise » si particulières de la réputée « Pierre de Locquirec ».
La Roche Tombée à Locquirec
Accessible par le sentier de la pointe du Château, la plage de la Roche Tombée est une petite crique de sable d’or, abritée et intime qui invite à se prélasser au soleil tout en admirant les merveilles du large. Mais attention, si vous vous aventurez sur cette plage, la fameuse « Roche Tombée » (l’îlot de granite situé au bout de la plage) étendra son ombre sur vous…
La pointe de Marc’h Sammet…
… ou « le cheval couché » en breton. Située au niveau de la table d’orientation, entre Poul Rodou et le Moulin de la Rive, la pointe de Marc’h Sammet vous ouvre une magnifique vue panoramique sur le large, mais aussi sur les roches bien nommées « Les Charrues »…
La pointe de Beg an Fry
Ici c’est « le bout du nez » ! Endroit prisé des randonneurs sur le GR34 et des amoureux de la nature, elle surplombe la discrète plage de Venizella en contrebas et offre une vue incroyable sur la mer et la côte découpée. Ce fut également un haut lieu de la résistance, qui vu débarquer sur la plage en 1944 le (futur) Président Mitterand (une stèle commémore son passage).
Voici la carte pour vous aider à repérer tous les rochers insolites de la Baie de Morlaix
